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Prévenir la méningite par la vaccination

Le méningocoque est une bactérie qui est responsable d’infections graves entraînant principalement des méningites. Le personnel soignant s’inquiète de la fulgurance d’une forme extrêmement sévère d’infection à méningocoque aux séquelles irréversibles, qui entraîne le décès du patient dans 20 à 25% des cas. Cette infection représente donc un risque pour la population, et notamment pour enfants de moins de un an, les adolescents et les jeunes adultes. Trois vaccins existent pour prévenir les infections à méningocoque, dont une nouvelle formule. Explications de nos expertes docteur Sarah Jourdain, pédiatre au sein des Hôpitaux Iris Sud et docteur Tessa Goetghebuer, chef de la clinique de pédiatrie du CHU Saint Pierre.  

Le méningocoque est une bactérie qui est responsable d’infection grave chez l’Homme, (Neisseria meningitidis). Lorsqu’elle est présente dans la gorge, elle se transmet facilement, par exemple par la toux ou les postillons. C’est en traversant les muqueuses et en passant dans le sang qu’elle entraîne une infection invasive à méningocoque. Les formes plus graves sont principalement des méningites dans 50% des cas (infection du liquide et des membranes qui enveloppent le cerveau), des bactériémies et des septicémies. Il existe une forme extrêmement sévère d’infection à méningocoque, dénommée purpura fulminans, qui se caractérise par des “points rouges” sur la peau qui vont progresser en larges taches noires, une fièvre importante et un choc circulatoire empêchant une bonne circulation du sang vers les organes. “L’évolution du purpura fulminans est, comme son nom l’indique, très rapide et entraîne le décès dans 20 à 25% des cas malgré un traitement administré en urgence. Les séquelles comprennent la surdité, le handicap non réversible, et l’amputation des extrémités secondaires à des nécroses”, explique le Dr Sarah Jourdain.

La bactérie en 3D – Source : Fotolia

Le diagnostic difficile d’une urgence médicale

Les infections à méningocoques sont difficiles à diagnostiquer. “Elles se présentent en début d’infection, par des symptômes assez fréquents (fièvre) et des “points rouges” qui peuvent passer inaperçus. C’est une forme d’infection qui nous inquiète particulièrement car l’évolution est particulièrement rapide. C’est une urgence médicale compte tenu de son haut taux de mortalité et des séquelles irréversibles. De plus, le méningocoque est capable de provoquer des épidémies là où règne la promiscuité comme dans les crèches, les écoles, les casernes…”, ajoute le Dr Tessa Goetghebuer. Les infections invasives à méningocoque touchent particulièrement les jeunes enfants de moins de un an, les adolescents et les jeunes adultes. En Belgique, on estime le nombre d’infection à 1 personne/100.000 habitants par an, soit 110 personnes annuellement.

Trois vaccins disponibles en Belgique

En fonction de la nature de la capsule qui l’entoure, on classe cette bactérie en plusieurs types (méningocoque de type A, B, C , W, Y…).

  • Le premier vaccin fait partie du calendrier vaccinal offert à tous les enfants et cible le méningocoque de type C (Neisvac®, Meningitec®). Il consiste en une injection à l’âge de 15 mois.
  • Le deuxième cible quatre types de méningocoque (le A, C, W et Y) (Nimenrix®) et est plutôt destiné aux patients qui voyagent dans des zones où il existe des épidémies comme dans certaines régions d’Afrique ou à la Mecque (vaccination obligatoire).
  • Enfin, le troisième vaccin, complémentaire aux autres est disponible chez nous depuis moins d’un an,. Il cible le méningocoque de type B (Bexsero®). Ce vaccin est le fruit d’une nouvelle technique d’élaboration de vaccin.

Source : CNRS – Ceinture africaine des méningites

Un nouveau vaccin contre le méningocoque de type B

Le méningocoque de typeB présente de fortes analogies avec le tissu humain. Il était donc difficile de trouver une cible qui entraînerait une protection sans induire des infections contre ses propres tissus (maladies auto-immunes). Grâce à de nouvelles techniques de séquençage de l’ADN du méningocoque B, il a été possible de sélectionner quatre protéines exprimées à la surface de la bactérie et non retrouvées dans le tissu humain.

Ce vaccin peut être administré dès l’âge de 2 mois et il est possible de l’injecter en même temps que les vaccins de routine. L’enfant risque cependant de présenter plus de fièvre que lors des vaccins du calendrier. Par ailleurs, ce vaccin n’est pas gratuit et est à charge du patient. Le Royaume-Uni est le seul pays à avoir introduit ce vaccin dans son programme national de vaccination et à l’offrir gratuitement à toute sa population mais le taux d’infection invasive à méningocoque au Royaume-Uni est l’un des plus élevé d’Europe; certaines régions d’autres pays européens l’offrent également (Espagne, Portugal…).

Aux Etats-Unis, un deuxième vaccin issu de cette nouvelle technique et ciblant deux protéines a été approuvé. Il concerne les enfants à partir de dix ans et n’est pas encore disponible chez nous.

 

Dr Sarah Jourdain

Dr Tessa Goetghebuer

 


Pour vous informer sur les infections à méningocoques et sur la vaccination, discutez-en avec votre médecin ou le pédiatre de votre enfant.

Avis aux professionnels : un séminaire-webinar est prévu le vendredi 27 avril à 17h. Rendez-vous à l’HUDERF, au CHU St Pierre ou en ligne, lors de la Semaine de la Vaccination.

 


 

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Deux vaccins recommandés chez la femme enceinte

Contrairement aux idées reçues, l’administration de certains vaccins pendant la grossesse a clairement démontré ses avantages. D’abord, une femme enceinte recevant un vaccin sera elle-même protégée de la maladie et de ses complications.  Ensuite, elle fabriquera un grand nombre d’anticorps contre la maladie qui pourront être transférés au fœtus via le placenta et par là protéger celui-ci pendant les 3 à 6 premiers mois de  sa vie.  Ce sont pendant les premiers mois de la vie, justement, que le nouveau-né est le plus vulnérable et que son système immunitaire n’est pas prêt à « répondre » à des vaccins.

Pendant une grossesse, deux vaccins sont recommandés pour protéger la mère et le bébé à naître.

Si la grossesse se déroule pendant la saison grippale, la vaccination contre la grippe est fortement recommandée. Les femmes enceintes font partie des groupes à haut risque de complications de cette maladie ayant pourtant la réputation d’une maladie bénigne.  Pendant le deuxième et le troisième trimestre de la grossesse surtout, les hospitalisations pour grippe chez les femmes enceintes sont 7x plus fréquentes que dans la population du même âge et le risque de décès est réel.  Les complications sont essentiellement d’ordre cardiaque et respiratoire.  Par exemple, chaque année en France, 30 à 60 femmes enceintes sont hospitalisées en réanimation pour grippe grave.  On pense que la grippe est plus grave chez elles car leur réponse immunitaire à l’infection est altérée par les hormones de la grossesse.  Leur capacité pulmonaire peut être aussi diminuée.  La grippe expose également au risque de fausse couche, de mort fœtale (risque multiplié par 2 en cas de grippe) et d’accouchement prématuré.

Pour le nourrisson aussi, surtout avant l’âge de 6 mois, il y a un risque de grippe grave ainsi que d’hospitalisation en réanimation. Malheureusement, le vaccin antigrippal ne peut être administré avant l’âge de 6 mois : il sera très peu efficace car le système immunitaire à cet âge est immature.

Le vaccin antigrippal administré pendant la grossesse a démontré son efficacité dans de nombreuses études, tant sur les hospitalisations des femmes enceintes que sur les grippes prouvées et sur les complications liées à la grippe. On a pu également démontrer que les nouveau-nés de femmes vaccinées pendant la grossesse étaient protégés contre la grippe pendant plusieurs mois, les fameux premiers mois pendant lesquels ils sont le plus vulnérables.

Enfin, le vaccin antigrippal a été étudié chez des centaines de milliers de femmes enceintes et n’a montré aucun effet secondaire délétère chez la femme, le fœtus, le nouveau-né ou encore le déroulement de la grossesse. Il peut donc être utilisé sans risque à tout moment de la grossesse.

La ligne rouge montre que les cas de grippe (Influenza) prouvée sont moins fréquents chez les mamans vaccinées (à gauche) et chez les bébés nés de maman vaccinée (à droite) jusqu’à au moins l’âge de 6 mois.

La réapparition de la coqueluche

Depuis 2011, on observe une résurgence de cette maladie très contagieuse dans nos pays ainsi que dans différentes régions du monde, même dans celles qui ont une couverture vaccinale élevée. Pour lutter contre cette résurgence, la vaccination des femmes enceintes entre 24 et 32 semaines de grossesse, à répéter à chaque nouvelle grossesse, permet de donner au bébé à naître les anticorps de sa mère via le placenta. Elle est recommandée par le Conseil Supérieur de la Santé.

Un rappel de vaccination chez les adultes en contact avec des enfants en bas âge (<1 an), appelé  la vaccination cocoon est également recommandé chez nous depuis 2009.

De nombreux pays de l’Union Européenne ont enregistré́ un nombre croissant de cas, principalement chez les très jeunes nourrissons, les adolescents et les adultes.

Cas de coqueluche 2011-2014

De nouveau, ce sont les tous petits bébés, les nourrissons de moins de 6 mois qui vont être les plus vulnérables vis-à-vis de la coqueluche car ils sont susceptibles de développer une complication potentiellement fatale, les apnées. Ces nourrissons sont généralement contaminés au départ d’adolescents et d’adultes, souvent au sein de la cellule familiale.

Vacciner la femme enceinte à chaque grossesse permet à la maman vaccinée de « booster » son taux d’anticorps anti-coqueluche : on augmente alors la quantité d’anticorps transférée au fœtus et on améliore la protection passive du nouveau-né.  A sa naissance, celui-ci va garder des taux d’anticorps protecteurs plusieurs mois.

Les études montrent que la vaccination pendant la grossesse évite 91-93% des cas de coqueluche du nouveau-né. Elles ont montré également l’innocuité du vaccin contre la coqueluche pendant la grossesse. Une induration au site d’injection est l’effet indésirable le plus souvent décrit, suivi par un gonflement léger à ce même site.  Ces légers désagréments sont résolus dans les 72 heures suivant la vaccination.

Dans toutes les études disponibles, il n’y a aucun effet indésirable de cette vaccination chez la femme enceinte, le fœtus, le nouveau-né ou encore le déroulement de la grossesse.

En conclusion, la vaccination antigrippale et anti-coqueluche pendant la grossesse ont clairement montré des bénéfices importants pour la mère et l’enfant à naître, et le recul d’utilisation est suffisant pour pouvoir assurer leur innocuité. Comme soignant, il est de notre rôle de recommander ces vaccins aux femmes enceintes.  En tant que future maman, vous pouvez donc être rassurée : vous effectuez le bon geste pour vous protéger et protéger votre bébé.

 

Dr Charlotte Martin

Chef de Clinique Adjoint en Maladies Infectieuses

Responsable de la Travel & Vaccine Clinic

CHU Saint-Pierre

Références

  • Omer Maternal Immunization N Engl J Med 2017;376:1256-67.
  • Madhi et al. Influenza Vaccination of Pregnant Women and Protection of Their Infants N Engl J Med 2014;371:918-31.
  • Kourtis et al.   N Engl J Med. 2014 ; 370(23): 2211–2218
  • Zaman et al. New Eng J Med 2008 ; 359(15):1555-64
  • Vaccination anticoquelucheuse (avril 2014) (Conseil Supérieur de la Santé n° 9110)

Avis aux professionnels : un séminaire-webinar est prévu le vendredi 27 avril à 17h. Rendez-vous à l’HUDERF, au CHU St Pierre ou en ligne, lors de la Semaine de la Vaccination.

 


 

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Vaccination et douleur : nos conseils aux soignants et aux médecins

La douleur associée à l’injection de vaccins demeure une source d’inquiétude et d’anxiété chez les enfants et les parents. On estime que près de 25% de la population présente une crainte des aiguilles et 10% évitent la vaccination et les centres de soins à cause de cette peur. Celle-ci se développe principalement dans l’enfance. La douleur laisse une trace dans leur mémoire. Il est donc important de mettre en place des procédés afin de diminuer la douleur lors des injections afin d’empêcher le développement de peur et de comportement d’évitement. Comment diminuer la douleur et l’anxiété associées à l’administration des vaccins ?

Commencez par vous !

En vous montrant calme et collaboratif, soucieux des inquiétudes exprimées par l’enfant et ses parents, vous instaurez déjà un climat favorable. Montrez-vous disponible. Prenez le temps d’expliquer le soin et demandez aussi ce qui amuse l’enfant, en incitant le parent à le distraire. Un parent informé et à qui on donne un rôle pendant les soins sera lui aussi souvent plus calme et plus apaisé.

Soignez votre installation

Mettez tout ce dont vous aurez besoin à portée de main. Si possible, orientez la tête de l’enfant à l’opposé du soin et préparez le matériel hors de sa vue.

Comment bien positionner votre patient ?

La position est importante et elle dépend de l’âge de l‘enfant. Le nourrisson et le jeune enfant (< 3 ans) doivent être tenus dans les bras de la personne qui s’occupe de lui ; assis sur les genoux pour les enfants plus âgés afin de diminuer leur crainte. La position couchée augmente l’anxiété et donc le ressenti de la douleur. Elle n’est conseillée qu’en cas d’antécédent de malaise.

Le moment de l’injection

L’injection intramusculaire doit se faire le plus rapidement possible (donc, pas d’aspiration et/ou d’injection lente). Lorsque plusieurs vaccins doivent être donnés pendant une seule séance, il faut tout d’abord administrer le vaccin oral puis les vaccins injectables du moins déplaisant au plus douloureux.

A propos de l’allaitement

L’allaitement lors de l’injection s’est montré être un analgésique puissant par une combinaison de facteurs : le maintien de l’enfant dans une position confortable et connue lors de l’allaitement, le contact « peau-à-peau », le goût sucré et l’effet réconfortant de la succion. L’administration de vaccin reste un événement rare et par conséquent, l’enfant n’associera pas l’allaitement à une expérience douloureuse. Certains enfants refusent et certaines mères peuvent ne pas désirer allaiter à ce moment critique, ce choix doit être respecté.

Et la solution sucrée ?

L’administration de solution sucrée lors de l’injection est analgésique chez le nourrisson. Cette action entraîne une libération d’opioïdes endogènes et distrait l’enfant. Elle est efficace chez les enfants jusqu’à l’âge de 12 mois. Par ailleurs, le vaccin oral contre les rotavirus contient du sucre et permet de diminuer la douleur des injections qui suivent.

Quel type de distraction est le plus efficace pour vos patients ?

A chaque âge son plaisir, mais notre expérience montre que les enfants ont leurs petites préférences : marionnettes, bulles de savon, jouets colorés ou lumineux, jouets sonores, livres, un film… La réalité virtuelle marche aussi très bien. Bien que cela puisse changer d’un jour à l’autre, d’un soin à l’autre… Le tout est de se lancer et de tester. Les parents peuvent aussi vous aider : posez-leur la question, impliquez-les ! La conversation et la musique sont aussi efficaces chez les plus grands enfants et les adultes. Bon à savoir : il est important de commencer la distraction avant le soin, pour que l’attention du patient soit déjà focalisée sur autre chose.

Quid des moyens antalgiques ?

En ce qui concerne les antidouleurs oraux (paracétamol, ibuprofène), il n’est pas recommandé de le donner avant ou pendant la vaccination car ils ne diminuent pas la douleur lors de l’injection. Par contre, ils ont leur place dans la gestion des effets différés dûs au vaccin : inconfort, irritabilite, douleur au niveau du site d’injection et fièvre secondaire à l’administration vaccins. Les crèmes analgésiques (EMLA) peuvent avoir une place si elles sont appliquées à temps, mais ne sont pas recommandées de manière systématique.

La prise en charge de la douleur et de l’anxiété est donc un volet important à ne pas négliger pour une vaccination efficace et harmonieuse. Distraction, comfort talk : aujourd’hui la recherche nous montre leur importance et leur impact sur la qualité d’un soin et sur la relation avec le patient.

 

Dr Sarah Jourdain, pédiatre Hôpitaux Iris Sud

Dr Tessa Goetghebuer, chef de clinique de pédiatrie au CHU St Pierre

Merci aux éducateurs et à l’Unité Ressource Douleur de l’Hôpital des Enfants d’avoir partagé leur expérience !

 


[Boîte à outils] La distraction pour prévenir la douleur www.jeutesoigne.be

L’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDERF) et l’association ABELDI ont lancé en 2016 un outil pour aider les enfants et leurs parents à mieux appréhender la douleur. La plateforme  www.jeutesoigne.be défend la distraction comme outil de soin pour prévenir la douleur et propose aux parents, aux patients et aux soignants des jeux et des informations pour améliorer la prise en charge de la douleur.

https://www.huderf30.be/nouvelles/prevenir-douleur-enfants-pendant-soins-droit-elementaire-patient/

 


Références

Reducing pain at the time of vaccination: WHO position paper-September 2015

Pain reduction during paediatric immunisations: evidence based review and recommendations PEdiatrics may 2007 NL Schechter and al

Reducing the pain of childhood vaccination: an evidence-based clinical practice guideline CMAJ December 2010 A Taddio and al

 

 

 


 

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Vidéo : 6 minutes pour comprendre la vaccination

Jennifer et Chahnez sont étudiantes en médecine à l’ULB et membres du BeMSA (Belgian Medical Students Association – Université Libre de Bruxelles). Elles sont parties dans la rue pour prendre le pouls du public quant à la vaccination.

  • Peut-on se défendre de toutes les maladies ?
  • Les vaccins, comment ça marche ?
  • Qu’y a t-il dans un vaccin ?
  • Les vaccins sont-ils sûrs ?
  • L’aluminium est-il toxique ?
  • Vaccin contre la grippe : à quoi bon ?
  • Que penser des polémiques ?
  • Est-ce utile de se faire vacciner / de faire vacciner ses enfants ?

Leurs réponses aux interrogations des passants en images.


Plus d’informations :

www.one.be

www.huderf30.be


Plus d’informations sur la vaccination ? Parlez-en à votre médecin ou au pédiatre de votre enfant. Vous trouverez également les articles de nos experts sur ce blog.


Avis aux professionnels : le sujet de la douleur sera également abordé lors d’un séminaire-webinar est prévu le vendredi 27 avril à 17h. Rendez-vous à l’HUDERF, au CHU St Pierre ou en ligne, lors de la Semaine de la Vaccination.


 


 

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Etude vaccination : les parents demandent davantage de transparence et d’objectivité

Si les professionnels jouent un rôle central pour répondre aux questions et inquiétudes de leurs patients vis-à-vis de la vaccination, notre système actuel de vaccinologie ne répond que partiellement aux attentes des parents. Voilà en somme ce que révèle une étude menée par Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola auprès de parents d’enfants de la région de Bruxelles-capitale dans le but de mieux comprendre les perceptions des parents à l’égard des vaccins. Une nouvelle enquête est en cours auprès des professionnels de la santé.

L’étude qualitative menée dans le courant de l’année 2017 sous forme de focus group auprès de 24 parents bruxellois a révélé aux chercheurs de l’ULB qu’en matière de vaccination, les parents sont demandeurs de davantage de transparence, d’informations plus objectives et d’un discours plus unanime dans le monde des professionnels de la santé. Sans remettre en cause le rôle central des professionnels en tant que sources fiables d’informations, l’étude souligne cependant que le système actuel est donc perfectible. Parmi les principaux freins à la vaccination, on retrouve les idées reçues véhiculées par certains groupes très actifs sur les réseaux sociaux et internet, et supportées par certains médecins opposés à la vaccination.

Des parents également demandeurs d’informations durant la grossesse

L’étude montre également que, face au médecin qui propose de vacciner leur enfant, beaucoup de parents se sentent pris de court et doivent prendre une décision rapide : ils sont désireux de bénéficier d’informations pendant la grossesse. « Autrefois l’information était moins nécessaire vu la haute incidence des maladies à prévention vaccinale, mais cette suggestion de la part des parents prend aujourd’hui tout son sens », explique le Dr Isabel Castroviejo Fernandez, responsable de l’étude de 2017 et aujourd’hui pédiatre résidente à l’Hôpital des Enfants.

Nouvelle étude en cours auprès des professionnels de la santé

De manière à pouvoir apporter des solutions efficaces sur le terrain et qui soient en adéquation avec les attentes de la population, une enquête du même type chez les professionnels de la santé est actuellement en cours et supervisée par le docteur Sarah Jourdain, pédiatre au sein des Hôpitaux Iris Sud et par le Pr. Pierre Smeesters, chef du service de pédiatrie à l’Hôpital des Enfants. Cette nouvelle étude menée par Amandine Jorion, étudiante en médecine, vise à interroger des médecins généralistes de la Région Bruxelles-Capitale sur leurs perceptions et leurs pratiques dans le domaine de la vaccination. Les premiers résultats de cette enquête pointent le besoin d’informations actuelles et de mises à jours régulières des médecins traitants. Ils souhaiteraient avoir accès à une formation plus approfondie en matière de vaccination ainsi qu’à des outils adéquats (notamment numériques) afin d’améliorer leur prise en charge du patient et renforcer l’adhésion à la vaccination. Par ailleurs, une formation plus profondie en vaccinologie dans le cursus médical serait une piste d’amélioration à explorer.

Les pharmaciens en tant qu’ambassadeurs de la vaccination ?

Pour le Pr. Smeesters, il y a donc un travail d’information et de dialogue avec les professionnels de la santé qu’il faut continuer à mener. « La première étude avait déjà révélé que pour les parents, les pharmaciens en qui ils ont confiance, pourraient également jouer ce rôle d’informateurs. » Une autre piste que l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola compte bien suivre, en partenariat avec les hôpitaux publics du réseau de l’ULB et d’autres acteurs du secteur de la santé.

Un contexte de mise en danger la couverture vaccinale

Depuis plusieurs années, nous assistons à une remise en question de la vaccination par la population. En effet, bon nombre de controverses véhiculées par les médias, internet et les réseaux sociaux remettent en question l’innocuité et parfois même l’utilité et le bien-fondé de la vaccination. La méfiance suscitée vis-à-vis des vaccins entraîne une modification et parfois un refus du calendrier vaccinal proposé par l’ONE. Cette baisse de couverture vaccinale induit une augmentation des maladies évitables par la vaccination. Et dans les faits, en Belgique, nous observons une augmentation significative des cas de coqueluche, de rougeole et de diphtérie*. Ces maladies sont sévères et entraînent des hospitalisations prolongées, des séquelles parfois irréversibles et des décès.

 


Etude

« Préoccupations parentales concernant la vaccination pédiatrique : étude en focus groups à Bruxelles », Isabel Castroviejo Fernandez, Sarah Jourdain, Nadine Kacenelenbogen, Pierre Smeesters, Revue Médicale de Bruxelles [under press]

*Référence : Tableau OMS


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La vaccination anti-grippale en 6 questions

Qu’est-ce que la « grippe » ?

Connue depuis plus d’un siècle, la grippe est une maladie infectieuse ubiquitaire très contagieuse causée par le virus Influenza, circulant de façon saisonnière typiquement d’octobre à avril dans l’hémisphère nord. Si ce virus cause des épisodes infectieux pénibles mais d’évolution spontanément favorable chez la majeure partie des adultes en bonne santé contaminés, il peut aussi être source d’épisodes très sévères voire même mortels chez des hôtes plus fragiles, comme les personnes atteintes de maladies chroniques ou les personnes très âgées. Ces populations particulièrement fragiles ont un risque majoré non seulement d’évolution péjorative de l’infection en elle-même, mais également de nombreuses complications telles des surinfections bactériennes respiratoires par exemple.

Chaque année, on recense entre 3 et  5 millions cas de grippe par an et on estime que celle-ci est à l’origine de 2,5 à 500.000 décès dans le monde. En Belgique, chaque hiver, de20 à 40% des enfants et de 5 à 15% des adultes présenteraient ainsi des symptômes cliniques d’infection à Influenza et 1500 décès seraient attribués directement au virus. Par ailleurs, l’épidémie grippale est une source d’absentéisme scolaire important. Au travail aussi, elle cause une réelle perte de productivité : aux USA, on estime que l’épidémie cause un déficit de 1-6 millions de dollars par 100.000 habitants chaque année. A l’échelle de la Belgique, on considère que les parents perdent l’équivalent de 20 jours de travail quand leurs enfants sont malades.

Comment s’attrape la grippe ?

La grippe est une maladie très contagieuse. Les jeunes enfants dispersent le virus de façon plus importante et plus longtemps, ils s’immunisent moins bien et se réinfectent plus rapidement: ils

Adapted from Terebuh . Pediatr Infect Dis J, 2003;22:S231-5

sont la principale source de dissémination dans la famille et la communauté. Les personnes âgées font moins fréquemment la grippe mais la gravité de l’infection augmente avec l’âge. La contagion se fait par voies respiratoires (toux/éternuements/projection de gouttelettes salivaires) ou par contacts (mains, objets). Un adulte est contagieux de 24 heures avant jusqu’à 5 jours après les symptômes mais les jeunes enfants peuvent excréter du virus jusqu’à 2 semaines après l’infection.

La grippe : une maladie devenue évitable ?

Disponible au grand public depuis plus d’un demi-siècle, le vaccin contre la grippe est aujourd’hui le moyen de prévention le plus sûr et efficace.

Selon les estimations moyennes des dernières années, on évalue globalement que la vaccination permettrait une réduction de 56%  des infections respiratoires aiguës, de 50% des hospitalisations et de 68% à 80 % des décès liés à la grippe en saison hivernales.

Si l’efficacité varie chaque année en fonction des mutations annuelles du virus, le bénéfice de la vaccination à l’échelle individuelle mais aussi collective en reste indéniable. La vaccination vous protège non seulement vous-même d’une infection sévère, mais elle protège aussi les personnes non immunisées (votre famille et vos patients) grâce à un phénomène appelé immunité de cohorte (Vaccine herd effect). En effet, la vaccination du plus grand nombre permet de diminuer significativement la circulation du virus dans la communauté et donc les risques de transmission aux personnes fragiles. C’est une des raisons pour laquelle les pays anglo-saxons tels les USA ou le Royaume Unis préconisent la vaccination des jeunes enfants en âge scolaires ou crèche, groupes d’âge les plus souvent infectés et à la source de la transmission de l’épidémie.

Quels sont les vaccins disponibles ?

Trois types de vaccins sont actuellement disponibles sur le marché européen pour faire face à l’épidémie annuelle de grippe :

  • Deux vaccins protéiques inactivés, l’un trivalent (contenant 2 souches influenza de type A H1N1 et H3N2, et 1 souche influenza de type B) et l’autre quadrivalent (nouveau vaccin contenant en plus une souche influenza B approuvé à partir de 3 ans depuis 2015). Ces vaccins ne contenant pas de virus vivant ne présentent donc aucun risque de « grippe » vaccinale chez les patients même les plus fragiles. Deux doses de vaccins (entières ou demies selon l’âge) sont nécessaires à un mois d’intervalle en cas de première immunisation contre l’influenza chez les enfants de moins de 8 ans. Les principaux effets secondaires sont des réactions locales mineures (sous-cutanées provenant de l’ IM) et dans < 1% des cas des réactions systémiques (fièvre, courbatures). Ce vaccin est contrindiqué en cas d’allergie aux œufs et chez les nourrissons de moins de 6 mois.
  • Un vaccin vivant atténué (LAIV) quadrivalent également dont le principal avantage réside dans son mode d’administration par voie intranasale. Il permet donc d’épargner une injection intramusculaire annuelle et de stimuler l’immunité directement au site infecté. Les données d’efficacité de ce vaccin ont été fort variables selon les saisons et ce vaccin n’est pas encore utilisé à grande échelle actuellement en Belgique.

Qui faut-il vacciner ?

En Belgique, il est recommandé de vacciner chaque année les enfants âgés de 6 mois à 18 ans atteints de pathologies chroniques au vu du risque majoré d’évolution péjorative de l’infection elle-même ou de ses complications bactériennes. L’importance de vacciner contre la grippe avant le début de la période épidémique est indiscutable considérant le taux de mortalité lié à l’influenza pouvant atteindre jusqu’à 15% dans certaines cohortes telles que les patients greffés de moelle osseuse.

Suivant les recommandations du conseil supérieur de la santé, on recommandera donc de vacciner :

  • Tout enfant de 6 mois à 18 ans présentant une ou plusieurs des affections chroniques sous-jacentes, même stabilisées :
  • Pathologie pulmonaire incluant l’asthme sévère
  • Pathologie cardiaque excepté l’hypertension
  • Pathologie hépatique
  • Pathologie rénale
  • Pathologie métabolique (incluant le diabète)
  • Pathologie neuromusculaire
  • Pathologie immunitaire congénitale ou induite
  • Enfant traité par aspirine au long court
  • Enfant de 6 mois à 18 ans vivant sous le même toit qu’un enfant à risque du groupe 1 ou qu’un enfant de moins de 6 mois

Le tableau ci-dessous reprend par ailleurs en détails les indications prioritaires de vaccination grippe pour l’ensemble des groupes d’âge adultes et pédiatriques

A cela s’ajoutera la vaccination du personnel soignant qui est une mesure additionnelle cruciale afin d’optimiser la protection des patients et d’endiguer la propagation de l’épidémie en milieu hospitalier.  Cette mesure est extrêmement efficace pour lutter contre les infections nosocomiales en hiver et son intérêt a été démontré par de nombreuses études sérieuses dans la littérature. La vaccination offerte au personnel permet non seulement de se protéger soi-même lorsque l’on travaille dans un milieu à haut risque, mais également de protéger la communauté et les patients. C’est un acte de protection individuelle qui devient une vraie action collective. Dans notre hôpital la vaccination du personnel existe depuis de nombreuses années, et des campagnes de sensibilisation ont lieu tous les ans. En plus de protéger les patients, ils protègent ainsi également leurs familles et leurs collègues de virus attrapés à l’hôpital. A cette mesure préventive collective s’ajoute la pratique quotidienne d’une bonne hygiène des mains et la non-fréquentation du lieu de travail en cas de symptômes respiratoires ; se protéger soi-même et par-delà la collectivité par tous les moyens devenant un leitmotiv pour chaque soignant concerné.

Pourquoi se revacciner chaque année ?

La protection conférée par le vaccin grippe n’est malheureusement que de courte durée (4 à 6 mois en moyenne). De plus, le virus influenza est particulièrement virulent et bien adapté à échapper à l’immunité de son hôte humain, notamment grâce à un taux élevé de changements génétiques (« mutations ») de ses protéines de surface. Même si une protection résiduelle partielle subsiste chez les personnes vaccinées en raison de réaction croisée avec les souches virales ayant circulé les années antérieures, la vaccination pour être efficace doit être répétée chaque année et les vaccins continuellement adaptés pour faire face aux modifications des protéines du virus. Une mutation majeure dans une protéine structurale (shift antigénique) rendra la nouvelle souche de virus trop éloignée des souches retrouvées les décennies précédentes pour donner lieu à des réactions immunitaires croisées. Chaque individu devenant alors naïf immunitairement face à ce « nouveau » virus, cette souche sera responsable d’une nouvelle pandémie. C’est ce qui a été observé lors de la pandémie H1N1 2009 ou de la grippe espagnole de 1918.  Chaque année, c’est l’OMS qui, d’après des estimations de l’évolution des protéines du virus, recommandera la composition du vaccin anti-grippal de l’année.

 

Dr Sophie Blumental, chef de clinique adjoint – Clinique d’infectiologie, HUDERF

Spécialisée en infectiologie pédiatrique et en immunodéficiences


Autres références de cet article :

  • who.int/influenza/vaccines/virus/recommendations
  • Kim TH, Clin Exp vaccine Res 2014 ;3 :128-132
  • CSS. Vaccination contre la grippe saisonnière. Saison hivernale 2016-2017. Août 2016. CSS No 9367
  • Terebuh . Pediatr Infect Dis J, 2003;22:S231-5

L’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola s’engage pour promouvoir la vaccination. Retrouvez davantage d’informations sur la vaccination sur ce blog (www.huderf30.be).

Pour en savoir plus sur l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, rendez-vous sur notre site internet www.huderf.be.

Pourquoi vaccine t-on les bébés contre l’hépatite B ?

« Dans le monde, environ 240 millions de personnes souffrent d’une infection chronique par le virus de l’hépatite B. Et plus de 686.000 personnes meurent chaque année des suites d’une infection par l’hépatite B, notamment de cirrhose ou de cancer du foie. » OMS – Juillet 2016.

En Belgique, grâce à une couverture vaccinale élevée, moins de 2% de la population est porteuse du virus. Malgré ce faible taux, l’hépatite B reste l’une des pathologies infectieuses les plus préoccupantes.

L’hépatite B : du virus aux symptômes

L’hépatite B est une maladie contagieuse causée par le virus VHB qui s’attaque au foie. La transmission se fait par le sang ou les sécrétions corporelles. Le patient s’infecte lors de contact avec le sang (personnel de santé, transfusion,…).

Il existe également une transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse et/ou à l’accouchement (appelée transmission verticale).

Une fois contracté, le virus peut induire une infection du foie, l’hépatite aiguë. Celle-ci peut passer inaperçue ou entraîner un tableau clinique avec jaunissement de la peau et des yeux, des maux de tête, des douleurs abdominales, des nausées et une fatigue importante. Les hépatites B aiguës peuvent, dans un cas extrême, conduire au décès.

La contraction du virus peut entraîner un autre type d’infection, l’hépatite chronique, qui va progressivement entraîner des lésions sévères et irréversibles du foie (cirrhoses et cancer du foie). Le traitement de ces pathologies du foie par chimiothérapie, thérapie antivirale et chirurgie est extrêmement lourd et présente des succès divers.

Ce risque de passage à la chronicité est d’autant plus élevé que le patient est jeune. En effet, si un nourrisson est affecté par l’hépatite B durant sa première année de vie, le risque de développer une hépatite chronique est de plus de 80%. Durant les trois années suivantes, les risques diminuent, mais restent conséquents (30 à 50%).

« Plus les enfants sont infectés jeunes par la maladie, plus le risque de développer un cancer du foie sera important », souligne Sarah Jourdain, pédiatre infectiologue au sein des Hôpitaux Iris Sud.

La prévention par la vaccination des jeunes enfants joue donc un rôle crucial. Nous disposons, en effet, d’un vaccin sûr et efficace qui empêche de développer les deux types d’infections (aiguë et chronique). Depuis 1982, plus d’un milliard de doses de vaccins ont été administrées et ont démontré non seulement leur efficacité, mais également leur innocuité.

En Belgique, le schéma vaccinal contre l’hépatite B se présente en 4 doses : la première dose à 2 mois, la deuxième à 3 mois, la troisième à 4 mois et la dernière à 15 mois. Ces 4 doses sont administrées lors de l’injection d’un vaccin combiné contre six maladies infectieuses.

Le tétanos : pourquoi vacciner ?

Le tétanos est une maladie infectieuse grave qui attaque le système nerveux central et provoque des contractions musculaires douloureuses. Elle entraîne le décès dans 20 à 30% des cas. Mais le tétanos, contrairement aux autres maladies évitables par vaccination, n’est pas une maladie contagieuse (elle ne se transmet donc pas de personne à personne).

Clostridium tetani, la bactérie responsable du tétanos

Clostridium tetani est une bactérie présente dans la terre et dans les déjections animales. Elle produit une toxine dangereuse qui, lorsqu’elle s’introduit dans l’organisme, s’attaque au système nerveux central et entraîne un tableau clinique caractéristique. Celui-ci débute par une contraction des muscles responsables de la mastication (trismus) qui va atteindre d’autres groupes musculaires et se généraliser. Ces spasmes sont extrêmement douloureux. La contraction des muscles respiratoires peut entraîner le décès par asphyxie. Le traitement repose sur trois angles d’attaque :

  • Un antibiotique pour éliminer la bactérie de l’organisme et empêcher la production de toxines ;
  • Un sérum contenant des anticorps qui vont annuler l’action des toxines ;
  • Un traitement dit « supportif » qui consiste en antidouleurs et produits anesthésiques (curare,…).

Malgré ce traitement, le tétanos peut provoquer des lésions irréversibles du système nerveux, entrainant des troubles moteurs, une paralysie et présente un taux de mortalité élevé.

Comment cette maladie non-contagieuse se transmet-elle ?

La bactérie pénètre dans l’organisme via une brèche au sein de la barrière cutanée (plaie, morsure, écharde, épine,…). « La plaie peut être minime, voire inaperçue », explique Sarah Jourdain, pédiatre infectiologue au sein des Hôpitaux Iris Sud. « Une fois dans l’organisme, la bactérie va pouvoir sécréter sa toxine et la maladie va se développer. »

Nettoyer la plaie n’est-il pas suffisant ?

Il est toujours important de désinfecter une plaie, cependant la bactérie Clostridium tetani est présente dans les sols partout dans le monde et dans l’intestin d’herbivores comme le cheval. Etant donné l’omniprésence de cette bactérie et, en autre, l’imperceptibilité possible de la blessure, la désinfection des plaies n’empêche pas toujours la bactérie de pénétrer dans l’organisme.

Un vaccin immunisant

Avoir le tétanos ne permet pas d’être immunisé, c’est-à-dire qu’un patient pourrait contracter la maladie plusieurs fois dans sa vie. Le vaccin protège l’organisme durant une dizaine d’années, c’est pour cette raison que le rappel de vaccination est strictement nécessaire pour rester protégé.

Le schéma vaccinal recommandé pour le vaccin antitétanique est le suivant : la première dose à 2 mois, la deuxième à 3 mois, la troisième à 4 mois et la dernière à 15 mois. Le premier rappel est à l’âge de 5-6 ans et ensuite, tous les 10ans.

Pourquoi vacciner les nourrissons ?

Lorsque les enfants partent à la découverte du monde qui les entoure, ils ne sont pas conscients que la terre avec laquelle ils jouent peut être dangereuse. Un contact plaie/terre est fréquent, et parfois imperceptible. Il est important de suivre le schéma vaccinal afin que les enfants soient protégés le plus tôt possible. La vaccination est une prévention efficace qui arme les enfants face aux maladies.

 

La coqueluche et la rougeole : deux maladies graves et contagieuses sur le retour

Les vaccins représentent l’intervention sanitaire la plus bénéfique après l’accès à l’eau potable

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que la vaccination permet de sauver trois millions de vies chaque année. Une intervention sanitaire des plus bénéfiques, juste après l’accès à l’eau potable. La vaccination permet non seulement la protection contre la mortalité et la morbidité dues aux maladies infectieuses, mais elle permet l’éradication totale de celles-ci. A ce jour, la variole est la seule maladie à avoir été éradiquée grâce à la vaccination, mais la poliomyélite est en passe de devenir la prochaine.

Malgré l’évidence du nombre de vies sauvées, de nombreuses voix remettent en cause la nécessité de la vaccination. Elles alimentent un courant de désinformation qui sème le doute chez les parents de jeunes enfants en âge de bénéficier de la vaccination. Ce doute amène ces parents à ne pas vacciner, à retarder ou à modifier le schéma vaccinal de leurs enfants. Un choix qui n’est pas sans conséquence, comme illustré par les deux exemples suivants :

La coqueluche : entre 1 à 5 décès par an en Belgique

La coqueluche est une maladie hautement contagieuse causée par une bactérie, Bordetella pertussis, responsable d’infections respiratoires et de quinte de toux particulière ressemblante au “le chant du coq”.  Cette bactérie d’abord inhalée, colonise l’arbre respiratoire et par l’effet de toxines excrétées, entraîne les symptômes respiratoires. La transmission se fait par l’air, d’humain à humain. La durée d’incubation est de 7 à 10 jours. La maladie touche principalement  les nourrissons de moins d’un an et c’est dans cette tranche d’âge que l’on retrouve le plus haut taux de mortalité (1,6% au niveau mondial), principalement par arrêts respiratoires (apnées).

Le vaccin contre la coqueluche empêche non seulement la maladie de se développer, mais empêche également la circulation de ce micro-organisme au sein de la population. Une couverture vaccinale de 92 à 94% est nécessaire pour empêcher la dissémination de la maladie.

Depuis 2011, nous assistons à une augmentation significative des cas de coqueluche. En effet, depuis lors, 1 à 5 décès dus à la coqueluche sont signalés en Belgique chaque année.

Pour lutter contre cette résurgence, la vaccination des femmes enceintes entre 24 et 32 semaines de grossesse, à répéter à chaque nouvelle grossesse, permet de donner au bébé à naître les anticorps de sa mère via le placenta. Elle est recommandée par le Conseil Supérieur de la Santé.

Un rappel de vaccination chez les adultes en contact avec des enfants en bas âge (<1 an), appelé  la vaccination cocoon est également recommandé chez nous depuis 2009.

La rougeole : une maladie grave sans traitement

La rougeole est une maladie virale grave et extrêmement contagieuse responsable d’un haut taux de mortalité, principalement chez les jeunes enfants. En 2015, l’OMS a recensé 134.200 décès par rougeole dans le monde, soit 15 décès par heure. Il n’existe pas de traitement ciblé contre le virus. La seule solution est préventive : un vaccin sûr et efficace, qui prévient le développement de cette maladie. Entre 2000 et 2015, la vaccination a évité 20,3 millions de décès, faisant de ce vaccin l’un des meilleurs investissements en santé publique au monde.

La maladie se présente par une forte fièvre, une rhinorrhée, de la toux, des yeux rouges et des plaques caractéristiques à l’intérieur des joues (taches de Koplick). L’éruption cutanée apparaît quelques jours plus tard sur le tronc et le visage et va s’étendre progressivement pour finir par se généraliser. La fièvre apparaît +/-10 jours après l’exposition au virus et le rash cutané apparaît 14 jours après l’exposition. Les décès sont pour la plupart dus aux complications de la maladie : pneumonies, encéphalopathies, cécités et diarrhées sévères. Les populations pédiatriques souffrant de malnutrition (en particulier présentant un déficit en vitamine A) ou présentant un haut taux d’infection par le VIH sont particulièrement à risque.

Le virus est extrêmement contagieux et se transmet par l’air ou par contact direct avec les sécrétions nasales. Les porteurs du virus transmettent le virus 4 jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et les 4 jours suivants. Il n’existe pas de traitement contre ce virus.

Instauré en Belgique depuis 1985, le vaccin contre la rougeole est efficace et s’administre en deux doses. Ce vaccin fait partie des vaccins appelés “vivants” car il consiste en l’administration du virus atténué par le passage prolongé dans un milieu de culture, dans des conditions spécifiques. Après cette croissance particulière, le virus n’entraîne plus le développement de la maladie, mais induit une protection contre cette même maladie (réponse immunitaire).

Cependant, et par conséquent, il ne peut pas être injecté chez les patients immunodéprimés et les nourrissons de moins de 6 mois, qui restent alors des cibles sans défense en cas d’épidémie.

L’OMS espérait une éradication des cas de rougeole pour 2010. Pour ce faire, une couverture vaccinale pour les deux doses devait atteindre 95%. Or, en Belgique, en 2015, même si la couverture vaccinale pour la première dose est estimée à 95%, elle tombe à 75% pour la deuxième dose en Wallonie et à Bruxelles. En 2017, plus de 70 cas de rougeole ont été signalés en Wallonie contre 7 à 8 cas pour la même période. La plupart des patients atteints étaient non vaccinés. Un tiers des cas a dû être hospitalisé et un quart concernait des enfants de moins de 5 ans.

En 2017, une épidémie de 298 cas déclarés de rougeole s’est déroulée en Wallonie, probablement issue d’un seul cas de rougeole importé. La plupart des patients étaient non vaccinés. Parmi les enfants atteints, 19% ont dû être hospitalisés. Ce genre d’événement est à risque de se reproduire vu la couverture vaccinale sous optimale contre la rougeole en Belgique et la forte contagion de la maladie.

Décisions individuelles, responsabilités collectives

La vaccination sauve de manière incontestable des millions de vies à travers le monde. Par ailleurs, ces deux exemples illustrent que dès que la couverture vaccinale atteint des taux sub optimaux, on assiste à la résurgence de maladies infectieuses et d’épidémies. Ces exemples démontrent également qu’un suivi rigoureux du schéma vaccinal est indispensable.

Lutter contre cette résurgence de maladies qu’on pensait en bonne voie d’éradication est une question d’intérêt public. Elles constituent une réelle menace pour les populations fragiles, et en premier lieu les enfants. Il est dès lors indispensable d’offrir une information fiable et transparente à propos de la vaccination pour permettre aux parents de faire les meilleurs choix pour la santé de leurs enfants et pour préserver la santé fragile des plus faibles d’entre nous.

Les chiffres proviennent des sources suivantes : OMS, ONE et ISP

Que pensent les parents de la vaccination ?

Une étude d’utilité publique en Région Bruxelles Capitale

Alors que la perception des parents envers la vaccination pédiatrique est de plus en plus étudiée par les experts dans le monde entier, rares sont les études sur le sujet en Belgique en général, et dans les régions francophones en particulier. L’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola finalise actuellement une étude qualitative sous forme de focus groups afin d’approfondir les impressions, points de vue et besoins des parents concernant la vaccination. Cette dernière est menée en région Bruxelles-Capitale auprès de parents d’enfants âgés de moins de 6 ans, issus des différentes communes.

Les entretiens, conduits par un pédiatre et une étudiante en médecine, comprennent entre 4 à 8 personnes et durent en moyenne 1h30. « Nous cherchons à mieux cerner les connaissances, doutes et inquiétudes des parents face à la vaccination ainsi que leur expérience personnelle. Nous aimerions également connaître les sources d’informations consultées et jugées fiables », explique Isabel Castroviejo Fernandez, Etudiante en dernière année de Médecine à l’ULB. Durant ces entretiens, organisés en discussion ouverte autour de thèmes particuliers, les parents expriment leurs points de vue et leurs sentiments – ce sont eux qui occupent la position « d’experts ». Dans notre cas, quatre questions principales vis-à-vis de la vaccination pédiatrique sont abordées : connaissances des parents; expérience, intérêt et inquiétudes; sources d’informations consultées; besoins et suggestions d’amélioration.

Cette enquête permet à l’équipe d’évaluer la position des parents quant à la vaccination et indique des pistes de réflexion concrètes afin de mieux répondre à leurs questions. Par exemple, les premiers entretiens dévoilent un manque d’informations concrètes et nuancées ainsi qu’un désir de pouvoir assister à des séances questions-réponses sur la vaccination en fin de grossesse.

« Nous travaillons actuellement à l’analyse des résultats que nous communiquerons dans le courant du mois de mai. Ensuite, nous aimerions étendre le spectre de cette étude en interrogeant l’année prochaine nos collègues de l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola et de Belgique. Il est important de connaître également les avis et les doutes du personnel soignant vis-à-vis de la vaccination car ils sont les premiers interlocuteurs des parents », conclut le Professeur Pierre Smeesters, chef du service de pédiatrie.

Les résultats de l’enquête seront notamment exploités dans le cadre de campagnes d’informations autour de la vaccination pédiatrique.