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Dossier Patient Informatisé : le futur est sur les rails

Avec l’introduction du Dossier Patient Informatisé (DPI) dans leurs unités de soins, les hôpitaux du campus Osiris ont définitivement pris le train de la modernité. Zoom sur les caractéristiques de cet outil, sur ses avantages et sur les enjeux qu’il soulève.

Quand il évoque le Dossier Patient Informatisé (DPI), Marc van Treel, Directeur informatique du CHU de Bruxelles, n’hésite pas à parler de petite révolution. «Le DPI, c’est avant tout un changement de culture», explique-t-il. «Passer du papier au digital entraîne automatiquement une nouvelle manière de travailler. Il faut s’approprier une autre philosophie qui nous rapprochera, petit à petit, de l’hôpital de demain.»

«De plus en plus, la prise en charge du patient débutera très en amont de son hospitalisation et se poursuivra très en aval, le tout au travers des nouvelles technologies, dont le DPI.»

LE DP… QUOI ?

Le DPI, c’est ce véritable dossier patient intégré qui rassemble les volets administratif, médical, infirmier et paramédical du patient. «Des informations éclatées dans divers dossiers à l’ère du papier», rappelle Marc van Treel.

«Désormais, toutes ces données sont disponibles sur un portail unique grâce à des applications intégrées.»

L’objectif à la base était de répondre au défi posé par l’accumulation des archives papier. L’idée: dématérialiser ces tonnes de données «patient». Mais les avantages du DPI ont largement dépassé ce besoin initial.

DES BÉNÉFICES SUR TOUTE LA LIGNE

«Le DPI permet d’accéder via n’importe quel poste de travail aux observations médicales (y compris les antécédents et les allergies), aux prescriptions, aux plans de soins, aux paramètres du patient, aux résultats des examens demandés, aux rendez-vous à venir…», détaille Marc van Treel.

«Cet outil se place véritablement au centre de l’activité de soins de nos hôpitaux. D’un point de vue « vertical », il permet de suivre l’ensemble du parcours du patient. Du point de vue « horizontal », le DPI permet le partage des informations « patient » de manière tranversale, au sein de l’établissement mais aussi entre les hôpitaux et avec des collaborateurs externes comme les médecins traitants.»

DES IMPACTS SUR LA QUALITÉ DES SOINS

«Disposer de l’information adéquate, en temps et lieu opportuns, doit permettre à nos professionnels de la santé de prendre de meilleures décisions quant à la prise en charge du patient», indique Marc van Treel. «Nous espérons ainsi permettre aux équipes de gagner du temps pour, in fine, pouvoir le consacrer au patient.»

«La traçabilité de tous les actes entraînera en outre une plus grande sécurité du circuit de prescriptions, en particulier médicamenteuses», observe-t-il encore. «Enfin, en diminuant le risque de « doublon » dans les examens proposés au patient, le DPI contribuera également à l’optimisation de la gestion de nos dépenses de santé. »


Marc Van Treel Crédit photo : Frédéric Raevens

ROME NE S’EST PAS CONSTRUITE EN UN JOUR

«S’approprier un outil comme le DPI nécessite une période d’apprentissage et un temps d’adaptation», conçoit Marc van Treel. «L’arrivée du DPI bouleverse la manière d’enregistrer les informations: les procédures sont standardisées; il faut rentrer ses notes dans l’outil, remplir les champs appropriés dans l’ordre indiqué, etc. Cela entraîne aussi des évolutions dans la manière de communiquer.

L’implication de nombreux acteurs nécessite l’adoption d’un langage commun afin d’assurer une communication fluide, sécurisée et non ambiguë. Par ailleurs, l’outil est amené à évoluer constamment pour répondre au mieux à nos besoins…

Le passage au digital implique dès lors dans un premier temps une période plus difficile. Pour pallier en partie cela, nous avons développé divers outils. Nous avons par exemple intégré au DPI une application de dictée vocale des comptes rendus et avis médicaux.»

COMMENT LE DPI VA-T-IL ÉVOLUER DANS LES MOIS À VENIR ?

«Nous devons bien entendu répondre aux demandes du Ministère», souligne Marc van Treel. Pour rappel, tous les hôpitaux belges doivent utiliser un dossier patient informatisé d’ici fin 2018. Le Gouvernement fédéral a en outre défini une série de critères appelés «BMUC» (Belgian Meaningful Use Criteria). Ces critères permettent de déterminer ce qui doit ou non être inclus dans un DPI intégré. «Ces demandes BMUC du Ministère ne couvrent cependant pas l’ensemble des besoins de nos hôpitaux », observe Marc van Treel. «Nous avons donc nos propres agendas. À l’heure actuelle, nous avons décidé de ralentir le rythme sur le nombre de fonctionnalités et de nous donner le temps de les approfondir.»

Quatre secteurs prioritaires ont été déterminés pour les hôpitaux Osiris:

– les notes cliniques et le secrétariat médical,

– la gestion des médicaments,

– le déploiement du dossier infirmier,

– les entrées d’ordre (prescriptions pour le laboratoire, demandes d’avis, prescription d’examens d’imagerie médicale…).


Crédit : Frédéric Raevens

En pratique

DPI: des craintes aux solutions

«La possibilité de pannes ou d’arrêts réguliers des systèmes pour des mises à jour du logiciel et des infrastructures ne peut être exclue», reconnaît Marc van Treel. «Raison pour laquelle nous faisons en sorte que les systèmes soient redondants et que les infrastructures puissent redémarrer très rapidement en cas de bug.»

Le logiciel utilisé pour les hôpitaux du campus Osiris s’appelle bDoc (développé par la firme

Xperthis). «C’est une sorte de grosse caisse à outils exploitée par beaucoup d’hôpitaux en Belgique», commente Marc van Treel. Si le système doit être utilisable par le plus grand nombre, il doit aussi pouvoir répondre aux besoins plus spécifiques de chaque établissement. «De gros efforts sont encore à réaliser pour développer, déployer et mettre en oeuvre l’ensemble des fonctionnalités souhaitées ou exigées», reconnaît Marc van Treel. «Dans ce cadre, un travail de fond est en cours, en concertation avec le fournisseur. Le but est d’optimiser la prise en compte de nos besoins et la qualité de ses prestations.»

«À côté de cela, nous sommes en train de recruter un « chief medical information officier »: un médecin qui sera le point de liaison entre les métiers médicaux et le département informatique. Son rôle: canaliser les besoins et promouvoir les bonnes pratiques liées à l’utilisation de l’outil auprès des praticiens.»


Les AVANTAGES et les INCONVÉNIENTS au quotidien

Les Drs Frédéric Collart, chef de la clinique de néphrologie-dialyse du CHU Brugmann, et Jean-Christophe Beghin, pneumologue à l’HUDERF, ont intégré le DPI à leur pratique quotidienne depuis plus d’un an. Quels bénéfices en retirent-ils? Quels pourraient être les freins à l’utilisation du logiciel? Voici ce qu’ils en pensent.

TOUTES LES DONNÉES PATIENT EN UN COUP D’OEIL

«Une série de fonctionnalités me permettent d’avoir accès aux informations relatives au patient (coordonnées, rendez-vous passés et à venir, antécédents médicaux, traitements prescrits…) en un coup d’oeil, et ce durant tout son trajet de soin», épingle le Dr Beghin.

«En outre, la saisie directe des informations au lit du patient ou en consultation, permet de mettre à jour ces données en temps réel et de les partager immédiatement avec l’ensemble des acteurs concernés», ajoute le Dr Collart. «Ainsi, si le patient est amené à être vu par plusieurs médecins, toute modification dans son dossier est aussitôt répertoriée et communiquée aux autres soignants.»

PRÉVENTION DES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

«En cas de risque d’interaction médicamenteuse, nous recevons une notification», indique le Dr Collart. «C’est un outil très intéressant, tant en termes de sécurité pour le patient, qu’en termes d’enseignement pour nos jeunes médecins.»

UNE MEILLEURE COMMUNICATION

«Ce volet est encore amené à être fignolé, mais à terme le DPI sera un outil vraiment précieux pour optimaliser les interactions entre les services, les différents soignants, mais aussi avec l’extérieur de l’hôpital», affirme le Dr Beghin.

DE NOUVELLES HABITUDES À PRENDRE

«Le DPI modifie en profondeur notre manière de travailler. Par exemple, chaque médecin est amené à encoder lui-même dans le système les données relatives au patient», pointe le Dr Collart. «C’est un travail potentiellement conséquent quand nous recevons le patient en consultation pour la première fois, mais par la suite il nous suffit d’ajouter les éléments nouveaux au fur et à mesure et nous percevons alors un réel gain de temps.»

MOINS DE CONVIVIALITÉ ENVERS LE PATIENT ?

«Un risque de la digitalisation pourrait être la tendance à avoir les yeux rivés davantage sur l’écran que sur le patient lors d’une consultation», rapporte le Dr Beghin. «Mais, de nouveau, plus on le fait et plus il devient facile d’introduire les données dans le système tout en gardant un contact visuel avec le patient et sa famille. Personnellement, je n’ai pas l’impression que l’informatisation du dossier ait induit une distance entre mes patients et moi.»

UN SYSTÈME PLUS RIGIDE ?

«Un logiciel standardisé est toujours moins souple qu’un support papier sur lequel le médecin peut prendre note à sa guise», remarque le Dr Beghin. «Cependant, des efforts importants ont été consentis par le service informatique pour essayer d’adapter au maximum les formats à chaque département. Il existe par exemple un canevas spécifique pour les pneumologues pédiatriques.»


Photo HUDERF

LE DOSSIER INFIRMIER INFORMATISE A l’HUDERF

«L’introduction du volet infirmier au dossier patient informatisé a débuté il y a quelques mois et se déroule de manière progressive», signale Jan Foubert, Directeur du Département infirmier à l’HUDERF. «En parallèle, des formations sont dispensées à nos équipes afin de les accompagner au mieux dans la transition du papier à la version informatisée du dossier. Cet encadrement, réalisé en petits groupes, a permis de dissiper les craintes liées à l’inconnu. Les équipes se sont montrées très collaborantes et la transition s’est déroulée de manière remarquable!»

«Parmi les gros chantiers à venir, il y a notamment le volet relatif à la communication des ordres médicaux vers le dossier infirmier et la prescription électronique des médicaments», poursuit Jan Foubert. «Ces fonctionnalités nous permettront d’optimaliser la sécurité des soins prodigués aux patients. Elles devraient être finalisées d’ici fin 2018.»

 


OSIRIS NEWS – Mars-Juin 2018 – Auteur : Aude Dion

www.huderf.be