Recherche action & innovation : mieux prédire l’évolution de la santé mentale des adolescents – Blog HUDERF

L’objectif des équipes impliquées est triple :

  • Mieux comprendre les besoins des jeunes durant la période de leur vie où ils sont les plus fragiles, à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte ;
  • Pallier à la rupture dans la continuité des soins et de l’accompagnement proposés par les départements cliniques de pédopsychiatrie et de psychiatrie de l’adulte ;
  • Innover dans des soins pour les jeunes adultes, adaptés à leur phase de vie et à l’époque actuelle.

Leur méthode ? La chaire permet de mener des projets de recherche interdisciplinaires avec un objectif de transposition des résultats sur le terrain, mais aussi de mettre en place un enseignement et un partage des connaissances sur la psychiatrie de transition, un domaine à la croisée des soins en pédopsychiatrie et en psychiatrie adulte. Une approche innovante sur le fond comme sur la forme.

La transition en santé mentale est une thématique sociétale clé

« Actuellement en Belgique, on estime que 10% de la population des jeunes présente une prévalence de développer des troubles sévères. On estime aussi que 5% auraient besoin d’une intervention. La transition est une thématique sociétale clé« , explique le Pr Delvenne, chef du service de pédopsychiatrie de l’HUDERF et porteuse de la chaire pour l’Université Libre de Bruxelles.

Etablir la cartographie des facteurs de risques à l’âge de transition

Dans un premier temps, les équipes identifieront les aspects susceptibles de contribuer à la psychopathologie à l’âge de transition, mais aussi les éléments laissant penser qu’un jeune aura besoin de poursuivre ses soins pour mieux prévoir le soutien approprié. Dans ce cadre, des chercheurs (pédo)psychiatres rencontreront différents groupes de jeunes (entre 17 et 20 ans) tout venant, demandeurs de soins psychiatriques, psychologiques, dépendant de l’aide à la jeunesse, et évalueront différentes caractéristiques psychologiques, émotionnelles, sociales ainsi que leur histoire de vie, leur capacité cognitive et d’apprentissage, leurs addictions… Ils suivront leur évolution durant deux à quatre ans en termes d’inclusion sociale et d’autonomie, mais aussi de recours éventuels à des soins psychiatriques. Sur la base de ces recherches, un enseignement et des activités de partage des connaissances acquises seront développés. D’autre part, des pistes d’aide préventive ou des interventions spécifiques pour les jeunes et leur famille seront proposées pour couvrir la transition.

Recherche action & collaboration

Dans le domaine de la recherche aussi, la forme de ce projet est innovante. « Il s’agit d’un changement de paradigme dans la recherche. Ce choix de méthodologie dimensionnelle ancrée dans l’action va, nous l’espérons, nous aider à approfondir à la fois nos connaissances, nos méthodes, nos dispositifs mais aussi nos résultats en termes de qualité de prise en charge et de suivi des jeunes en transition. Cet angle de recherche permet d’aller au-delà de la pathologie psychiatrique et de considérer l’influence du bien-être psychologique sur leur devenir de futurs adultes. La cartographie des facteurs de risques permet de proposer de nouvelles pistes; et avec un solide dispositif de partage des connaissances entre professionnels et de communication avec les familles, nous pensons même pouvoir prévenir le développement de pathologies plus aigües chez certains patients », explique le Pr Delvenne.

Un groupe de travail transversal

Le groupe de travail s’est construit dans un partenariat entre la pédopsychiatrie et la psychiatrie d’adulte et est composé des membres des quatre institutions partenaires – Pr Véronique Delvenne (HUDERF), Pr Charles Kornreich (Hôpital Brugmann), Pr Marie Delhaye (Hôpital Erasme) et Pr Hélène Nicolis (SSM-ULB). Trois jeunes chercheurs en (pédo)psychiatrie participent activement au projet : Dr Anthony De Leeuw, Dr Simone Marchini, Dr Joana Reis.

Ce groupe de travail s’articule aussi autour d’équipes partenaires, laboratoires universitaires de recherche (laboratoire de psychologie médicale, laboratoire de psychiatrie, unité de psychologie du développement et de la famille, Acte), autres universités francophones, autres partenaires en santé mentale comme les réseaux 107 et nouvelles politiques en santé mentale Enfants/ados. Des partenaires hors champ de la santé mentale sont aussi impliqué comme les famille et les patients partenaires mais aussi le secteur judiciaire ou de l’aide à la jeunesse.

Deux chaires de transition en Belgique

En Belgique, deux chaires (« Psychiatrie de Transition dans un Monde en Transition » pour l’ULB et « Youth in Transition’ pour la KUL ») ont vu le jour grâce au soutien des Fonds Julie Renson, Fonds Reine Fabiola et de la Fondation Roi Baudouin, pour un montant total de 1,2 million d’euros (soit 600.000 euros par an par chaire) sur une période de quatre ans.

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