Le méningocoque est une bactérie qui est responsable d’infections graves entraînant principalement des méningites. Le personnel soignant s’inquiète de la fulgurance d’une forme extrêmement sévère d’infection à méningocoque aux séquelles irréversibles, qui entraîne le décès du patient dans 20 à 25% des cas. Cette infection représente donc un risque pour la population, et notamment pour enfants de moins de un an, les adolescents et les jeunes adultes. Trois vaccins existent pour prévenir les infections à méningocoque, dont une nouvelle formule. Explications de nos expertes docteur Sarah Jourdain, pédiatre au sein des Hôpitaux Iris Sud et docteur Tessa Goetghebuer, chef de la clinique de pédiatrie du CHU Saint Pierre.
Le méningocoque est une bactérie qui est responsable d’infection grave chez l’Homme, (Neisseria meningitidis). Lorsqu’elle est présente dans la gorge, elle se transmet facilement, par exemple par la toux ou les postillons. C’est en traversant les muqueuses et en passant dans le sang qu’elle entraîne une infection invasive à méningocoque. Les formes plus graves sont principalement des méningites dans 50% des cas (infection du liquide et des membranes qui enveloppent le cerveau), des bactériémies et des septicémies. Il existe une forme extrêmement sévère d’infection à méningocoque, dénommée purpura fulminans, qui se caractérise par des “points rouges” sur la peau qui vont progresser en larges taches noires, une fièvre importante et un choc circulatoire empêchant une bonne circulation du sang vers les organes. “L’évolution du purpura fulminans est, comme son nom l’indique, très rapide et entraîne le décès dans 20 à 25% des cas malgré un traitement administré en urgence. Les séquelles comprennent la surdité, le handicap non réversible, et l’amputation des extrémités secondaires à des nécroses”, explique le Dr Sarah Jourdain.
La bactérie en 3D – Source : Fotolia
Le diagnostic difficile d’une urgence médicale
Les infections à méningocoques sont difficiles à diagnostiquer. “Elles se présentent en début d’infection, par des symptômes assez fréquents (fièvre) et des “points rouges” qui peuvent passer inaperçus. C’est une forme d’infection qui nous inquiète particulièrement car l’évolution est particulièrement rapide. C’est une urgence médicale compte tenu de son haut taux de mortalité et des séquelles irréversibles. De plus, le méningocoque est capable de provoquer des épidémies là où règne la promiscuité comme dans les crèches, les écoles, les casernes…”, ajoute le Dr Tessa Goetghebuer. Les infections invasives à méningocoque touchent particulièrement les jeunes enfants de moins de un an, les adolescents et les jeunes adultes. En Belgique, on estime le nombre d’infection à 1 personne/100.000 habitants par an, soit 110 personnes annuellement.
Trois vaccins disponibles en Belgique
En fonction de la nature de la capsule qui l’entoure, on classe cette bactérie en plusieurs types (méningocoque de type A, B, C , W, Y…).
- Le premier vaccin fait partie du calendrier vaccinal offert à tous les enfants et cible le méningocoque de type C (Neisvac®, Meningitec®). Il consiste en une injection à l’âge de 15 mois.
- Le deuxième cible quatre types de méningocoque (le A, C, W et Y) (Nimenrix®) et est plutôt destiné aux patients qui voyagent dans des zones où il existe des épidémies comme dans certaines régions d’Afrique ou à la Mecque (vaccination obligatoire).
- Enfin, le troisième vaccin, complémentaire aux autres est disponible chez nous depuis moins d’un an,. Il cible le méningocoque de type B (Bexsero®). Ce vaccin est le fruit d’une nouvelle technique d’élaboration de vaccin.
Source : CNRS – Ceinture africaine des méningites
Un nouveau vaccin contre le méningocoque de type B
Le méningocoque de typeB présente de fortes analogies avec le tissu humain. Il était donc difficile de trouver une cible qui entraînerait une protection sans induire des infections contre ses propres tissus (maladies auto-immunes). Grâce à de nouvelles techniques de séquençage de l’ADN du méningocoque B, il a été possible de sélectionner quatre protéines exprimées à la surface de la bactérie et non retrouvées dans le tissu humain.
Ce vaccin peut être administré dès l’âge de 2 mois et il est possible de l’injecter en même temps que les vaccins de routine. L’enfant risque cependant de présenter plus de fièvre que lors des vaccins du calendrier. Par ailleurs, ce vaccin n’est pas gratuit et est à charge du patient. Le Royaume-Uni est le seul pays à avoir introduit ce vaccin dans son programme national de vaccination et à l’offrir gratuitement à toute sa population mais le taux d’infection invasive à méningocoque au Royaume-Uni est l’un des plus élevé d’Europe; certaines régions d’autres pays européens l’offrent également (Espagne, Portugal…).
Aux Etats-Unis, un deuxième vaccin issu de cette nouvelle technique et ciblant deux protéines a été approuvé. Il concerne les enfants à partir de dix ans et n’est pas encore disponible chez nous.
Dr Sarah Jourdain
Dr Tessa Goetghebuer
Pour vous informer sur les infections à méningocoques et sur la vaccination, discutez-en avec votre médecin ou le pédiatre de votre enfant.
Avis aux professionnels : un séminaire-webinar est prévu le vendredi 27 avril à 17h. Rendez-vous à l’HUDERF, au CHU St Pierre ou en ligne, lors de la Semaine de la Vaccination.
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