L’opposition est un moyen pour l’enfant d’apprendre et fait partie de son développement. C’est un moyen pour lui de tester les limites ou de rechercher l’attention des parents. Avec la période de confinement, ce comportement risque d’être fortement amplifié, surtout chez certains enfants qui souffrent d’un trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou d’un trouble oppositionnel. Pour prévenir ou gérer ces comportements, la clef se trouve bien souvent dans la communication qui sera toujours adaptée en fonction de l’âge de votre enfant.
Plusieurs stratégies existent :
Pour prévenir ces comportements d’opposition
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- Clarté. Soyez clair et précis dans les consignes que vous donnez. Il est important que vous communiquiez en donnant des règles simples et que votre enfant puisse comprendre. Privilégiez une consigne à la fois et formulez-les de manière positive et respectueuse. Préférez par exemple lui demander : « s’il te plaît, parle doucement » au lieu de « arrête de crier ».
- Compréhension. Restez vigilants au fait que votre enfant ait bien écouté et compris la consigne. Demandez-lui par exemple de vous regarder dans les yeux ou demandez-lui de répéter la consigne pour vous assurer de sa compréhension. Vous pouvez aussi rester quelques secondes à côté de lui pour vous assurer qu’il démarre bien la tâche. N’hésitez pas à l’aider si nécessaire au début.
- Priorité. Priorisez les demandes qui permettent de conserver une bonne dynamique familiale. Gardez votre énergie pour les demandes qui sont les plus importantes. Mettez en place des règles qui sont réalisables et tenez compte de l’âge de l’enfant. Divisez les tâches compliquées en différentes sous-tâches pour qu’il ne se sente pas confronté à quelque chose d’irréalisable.
- Anticiper. Verbalement ou à l’aide d’un planning, structurez l’environnement de votre enfant en lui disant ou en écrivant par exemple « dans 5 minutes ce sera le dîner » ou « dîner à 12 h 30 si c’est sur un planning ».
- Motivation. Lorsque les consignes s’avèrent difficiles, divisez-les en plusieurs sous-consignes et prévoyez des petites récompenses à obtenir dans la journée qui permettront d’accroitre la motivation de votre enfant (ex. : jouer à son jeu préféré 10 minutes avec maman ou papa ce soir ou pouvoir choisir une partie du repas ce soir). Gardez à l’esprit qu’une récompense acquise l’est définitivement et ne doit pas être retirée, sinon l’enfant perdra cette source de motivation et pourrait avoir moins confiance en ce système.
- Renforcement positif. Féliciter et encourager votre enfant à avoir réalisé les consignes. Si votre enfant respecte les règles, c’est une excellente solution pour maintenir les bons comportements. Au fur et à mesure, ces comportements deviendront des routines.
- Cohérence. Soyez clair dès le départ sur ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. Un enfant ne comprendra pas pourquoi vous le laissez faire quelque chose un jour et vous lui criez dessus le lendemain pour la même activité. Il est également important de partager les mêmes règles éducatives avec l’autre parent et d’éviter de vous retrouver en opposition avec votre conjoint lorsque vous établissez les règles éducatives à la maison. Discutez le plus possible de tous les cas de figure à envisager (ex. : l’heure de coucher, les activités permises, les récompenses pour les comportements…).
- Respect. Évitez les paroles blessantes, humiliantes, culpabilisantes et irrévocables. C’est un point très important. Lorsque vous devez faire une remarque à votre enfant, c’est son comportement que vous critiquez et non pas lui. Par exemple, dites-lui : « je n’aime pas quand tu me coupes la parole ». Toutes les paroles qui pourraient humilier ou dénigrer votre enfant (« tu es un nul » ou « tu es vraiment un idiot ») sont à bannir. De même, évitez de culpabiliser votre enfant avec des phrases comme « c’est à cause de toi que ça se passe mal ». Cela renforce la mauvaise image de soi qu’a l’enfant dans ces situations d’opposition. Cela peut même avoir pour conséquence de renforcer l’opposition (« Pourquoi devrais-je écouter alors que tout le monde me trouve nul ? »).
- Persévérance. Soyez bienveillant envers vous-même si ces méthodes ne fonctionnent pas immédiatement. Acceptez de les conserver dans le temps : il est possible que ces stratégies ne fonctionnent pas les premières fois. C’est en persévérant sur ces comportements dans le temps que ces méthodes se montreront les plus efficaces.
Pendant les comportements d’opposition
Parfois, certains comportements d’opposition se produiront tout de même et seront difficiles à gérer. Lorsqu’un comportement d’opposition est en cours :
- Contact oculaire. Commencez par établir un contact oculaire avec votre enfant. S’il vous désobéit, approchez-vous de lui sans le menacer de votre présence physique. Mettez-vous à sa hauteur et conservez le contact oculaire. Vous pouvez également établir un contact physique, en lui prenant la main si nécessaire. Une fois que vous avez complètement son attention, expliquez-lui ce qu’il ne doit pas faire et proposez-lui une alternative.
- Proportionnalité. Réagissez en fonction du niveau de la désobéissance, de manière graduelle. Commencez par une conséquence courte et limitée, par exemple le retrait de la tablette ou d’un jouet pour quelques minutes, en lui expliquant à nouveau clairement pourquoi vous agissez de la sorte. Rendez-lui ce que vous lui avez retiré après le temps que vous avez prévu. Si le comportement que vous avez interdit se répète, retirer le même objet pour une durée un peu plus longue. En cas de crise de colère, proposez un temps calme de 5 à 10 minutes pour qu’il s’apaise.
- Régulez sa réaction et s’y tenir : bien souvent, nous avons tendance à vouloir poser des limites fortes à ses enfants « Tu seras privé de jeux vidéo pour toute une semaine » « Tu ne pourras plus appeler tes amis de toute la semaine ». Évitez des sanctions que vous ne pourrez pas tenir. Si vous décidez d’imposer une sanction, il faut qu’elle soit mesurée et réalisable. Dans le cas contraire votre enfant comprendra que vos punitions ne sont pas tenues et cela renforce l’idée d’impunité et le fait de pouvoir continuer les comportements non désirés. Restez ferme mais juste et privilégiez la récompense à la punition.
Pendant la crise de colère ou de rage
Cette période éprouve beaucoup plus qu’habituellement la famille, qui est soumise à une gestion plus importante des tensions et de la frustration quotidienne. Les crises de rages et de colères sont possibles dans ce moment-là. Il va être important de gérer de la meilleure façon possible, avec les ressources dont vous disposez, pour préserver l’harmonie au sein de la famille. Le message clef est de ne pas faire « d’escalade » durant la crise, c’est-à-dire réagir comme un miroir face à votre enfant. Voici plusieurs pistes et stratégies à mettre en place durant une telle situation :
- Restez calme devant votre enfant. C’est loin d’être simple, surtout lorsque l’enfant vous frappe ou vous insulte. Votre enfant cherchera à vous entraîner dans sa crise en vous provoquant, en criant, en vous suivant dans la maison pour obtenir une réaction de votre part. Le savoir vous aidera à prendre de la distance et d’être plus calme dans ces situations.
- Réalisez un temps de retrait. Essayez de faire en sorte que les interactions avec votre enfant soient interrompues en le mettant dans sa chambre ou une autre pièce. S’il ne veut pas y aller de lui-même, accompagnez-le. Cette phase est souvent très difficile. Essayez de ne pas trop parler et ne lui faites pas mal en l’accompagnant. C’est pour cela que l’accompagner est une bonne solution. En général, l’enfant vous suivra facilement si vous vous déplacez.
- S’il ne respecte pas ce temps de retrait, essayez de fermer la porte en expliquant à l’enfant que ce temps de retour au calme est nécessaire. Ne négociez pas avec lui à travers la porte. N’intervenez plus, sauf si mise en danger de l’enfant.
- S’il ne respecte toujours pas ce temps de retrait, et qu’il tambourine à la porte. Vous pouvez entrer dans la pièce, vous asseoir sur une chaise et faire semblant de lire. Faites semblant de ne pas le voir, ayez l’air occupé à regarder un livre ou un journal. En général les enfants détestent que ses parents soient indifférents à leur crise. Ne cherchez pas à négocier avec lui. Restez calme. N’intervenez plus, à moins d’une mise en danger de l’enfant.
- Évitez que la crise ne se généralise à toute la famille. Essayez de demander aux autres enfants d’aller dans leur chambre ou une autre pièce. Évitez de vous disputer entre adultes. Quand il y a une crise comme cela, très rapidement tout le monde se dispute.
- Les autres enfants de la fratrie ne doivent pas assister à la crise. En ce temps de confinement, il n’est pas possible de les faire sortir de la maison, il faut donc essayer de les mettre dans une autre pièce.
- Si vous êtes deux adultes à la maison, pensez à vous relayer auprès de l’enfant en crise. Cela permet aussi de souffler. En général on ressent soit même beaucoup de tension.
- Ne parlez pas trop pendant la crise. Restez simple. Ce n’est pas le moment pour interroger votre enfant sur ce qu’il ne ressent ni pour lui faire la morale. Votre enfant est débordé par ses émotions, il n’est pas accessible à la discussion. Plus vous le relancez, plus vous prolongez la crise.
- Après la crise (ouf), il faut reprendre la situation à froid avec votre enfant. Il faut réagir à froid, une fois que vous et votre enfant serez dans un état émotionnel stable.
- Évitez les punitions, car l’enfant n’a pas assez de contrôle sur son comportement pour éviter les crises, la punition risque d’augmenter sa colère et baisser son estime de lui. Privilégiez la réparation, en permettant à votre enfant de réparer les dégâts matériels qu’il a causés durant la crise. Donnez-lui des missions d’intérêt général, comme mettre le couvert, ou passer l’aspirateur. Accompagnez votre enfant pour les premières tâches.
Est-ce que la colère que j’ai ressentie en tant que parent est normale ?
Vous avez peut-être ressenti de la colère contre votre enfant, de la culpabilité si vous avez perdu le contrôle de votre comportement pendant la crise, mais aussi de l’empathie pour votre enfant qui souffre, ou même un sentiment de découragement dans votre rôle de parents. Ces émotions peuvent aussi se superposer, il faut les accepter.
Le confinement est une période stressante pour toute la famille, mais elle peut être un bon moment pour réaliser des activités en famille dont vous n’avez pas le temps en période scolaire. Vous pouvez faire un emploi du temps pour les temps dédiés aux devoirs/travail des parents et des temps pour les loisirs/activités en individuel et en famille.
N’hésitez pas à contacter votre médecin référent par email. C’est plus simple pour qu’il soit disponible et prêt à vous répondre.
Enfin, notre permanence Allo ! Pédopsy reste joignable au 02/477.31.80 du lundi au vendredi de 9h00 à 16h30 pour vous conseiller et vous aider à faire face aux moments les plus difficiles.
Merci à Anthony Beuel, neuropsychologue, pour ces précieux conseils !
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Des questions sur la santé de votre enfant ? Parlez-en avec votre médecin de famille ou votre pédiatre !
Sources: