L’hôpital public ou la tour de Babel

Partout dans le monde, les hôpitaux publics d’enfants ont un secteur ambulatoire considérable. Ils offrent des soins à une population de grandes métropoles, dans les pays industrialisés ou dans les pays émergeants. Lorsqu’ils sont universitaires, ils associent les soins pointus dits « tertiaires » à la fonction de dispensaire « tout venant ». Cette caractéristique permet à ces hôpitaux de traiter sans distinction les enfants de toutes les classes sociales et de tout horizon.

L’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola n’échappe pas à cette règle. Beaucoup d’enfants qui lui sont présentés n’ont ni pédiatre, ni médecin traitant. Il arrive même qu’ils n’aient jamais été vus dans une consultation de prévention postnatale. Leurs parents peuvent être très précarisés, parfois même interdits de séjour. A l’opposé, il traite des enfants issus des classes sociales les plus élevées, de parents universitaires, de personnalités connues de tous les milieux. Tous égaux devant les soins, devant la maladie et devant le bonheur de retrouver la santé…

Bruxelles est l’une des villes les plus cosmopolites du monde : plus de 200 nationalités s’y côtoient et il nous arrive d’avoir recours à des traducteurs nombreux pour communiquer avec les patients et leurs familles. En cela, l’hôpital est une Tour de Babel, un endroit de tolérance et d’ouverture, où les enfants de monde entier se retrouvent dans le dénuement de la maladie pour être portés par tous, soignants et parents, à l’autonomie que donne la santé recouvrée. La couleur de la peau, la langue, les variations génétiques font que nous sommes tous différents d’aspect, nous retrouvant finalement au chevet des petits dans ces valeurs essentielles symbolisées par le caractère sacré de l’enfant, et ceci dans toutes les cultures au travers des âges.

Les soignants, eux aussi, ont ce caractère bigarré. Issus de nombreux pays d’Europe, mais aussi d’Afrique ou d’Asie, ils observent cette vie palpitante dont ils ont la responsabilité insigne. Ainsi le bonheur se construit dans les soins donnés, dans l’accompagnement des familles, dans l’observation de ces mains unies dans toutes les variantes de la vie humaine : la crainte, la protection, l’amour ou, tout simplement, la transmission d’une flamme, celle de la dignité humaine.